Le vent. Le vent joue dans ma fourrure, l’aplatissant sur mon dos alors que je cours entre les arbres. Le zéphyr fait trembler les branches et les feuilles, pliant presque les jeunes arbres. Je ne fais qu'un avec le vent, me perdant en lui.
La terre. La terre se déroule sous mes pas. Je la frôle à peine, volant presque. Elle est sombre, invisible, toujours la même. Partout où je vais, le décor est toujours le même, seuls les espèces changent. Tout est pareil. Tout est
toujours pareil.
Le ciel. Le ciel me couvre, assombrissant mon pelage de neige. La lune et les étoiles sont les seuls points de lumières dans cette nuit aussi noire que mon âme. L'astre de la nuit n'est encore emplit qu'à la moitié, je n'ai pas à craindre une trop forte population lycanthrope ce soir.
Je cours. Je cours sans but, sans trop savoir où je m'en vais. Cela fait déjà très longtemps que je cours ainsi. J'avais treize ans quand j'ai commencé, cela fait donc dix ans... Où vais-je ? Pourquoi ? La seule réponse que j'ai se décline en un mot.
Vengeance.
Oui, la vengeance. Tuer le plus de Vampires possible. Éviter les miens, ne m'attacher à personne. Toujours rester en mouvement. Telles sont mes règles. Pour me venger. Et pour ne pas souffrir. Parce que si la souffrance physique est endurable, la souffrance psychique, elle, m'est insupportable.
Une chute. Je m'arrête prêt d'une chute, en pleine forêt. Je reste sous le couvert des arbres, le nez en l'air. Les points d'eau sont les endroits les plus dangereux, l'endroit idéal pour un guet-append. Je ne sens rien d'autre que la forêt et ses habitants. Je trotte rapidement jusqu'à l'eau et en lape délicatement la surface.
Un bruit. Ma fourrure immaculée s'hérisse et un grondement sourd monte de ma poitrine.